mercredi 9 mai 2012

Aux urnes citoyens!



Alors, ça y est, certains ont trouvé un nouvel os à ronger. La campagne de Sarkopen a remis le danger de l'octroi du vote aux étrangers à la première place des préoccupations des Français, ils n'ont que ça à penser. Donner le droit de vote aux étrangers, c'est le communautarisme qui gangrènera la France, ce seront des revendications religieuses qui imposeront des horaires de piscine particuliers pour les femmes ou le port de la burqa pour tout le monde. J'exagère à peine. On le sait, les étrangers en question, ce sont les musulmans.

Malgré ses efforts plus que louables de rappeler que l'avenir de la France est à la pureté des origines, au revival des frontières, dans la traque à tout qui ne respecterait pas les lois de la République... Sarkopen a perdu les élections.  Le personnage est tellement admirable que, depuis dimanche, deux de nos plus brillants hommes politiques, reprennent ses idées et ses discours. Oui, je sais, je m'acharne un peu, mais quoi Denis Ducarme et Alain Destexhe, nos deux éminences brunes, dans le genre crétins à pompon, on ne fait guère mieux.  L'un, Denis D., s'est ému de ce que l'on ne prête pas la présomption d'innocence à deux policiers qui avaient blessé un agité à la tronçonneuse; il reprenait ce que Sarkopen avait tenté quelques jours auparavant. Il a continué, le lendemain, en se référant directement à son mentor sur le 'trop d'immigrés' en Belgique. L'autre, Alain D., à la suite de son passage dans une émission de France 2 sur le vote des étrangers, s'inquiète du communautarisme qui nous pend au nez et du bradage de la nationalité belge à n'importe qui. J'exagère à peine.

En Belgique, l'octroi du droit de vote aux étrangers a longtemps été le Graal pour les associations travaillant à l'intégration des immigrés. Fin des années 1970, la Plate-forme 'Objectif 82' a marqué l'apogée de cette revendication, son échec a découragé beaucoup de ses militants.  L'opposition droit de vote/naturalisation comme voie d'intégration avait trouvé son vainqueur, s'ils voulaient s'intégrer, les étrangers n'avaient qu'à devenir belges, ils pourraient voter et ne seraient plus discriminés. C'était le message envoyé par le monde politique. Il trouva sa confirmation dans la loi de 1984 et la modification notable du Code de la Nationalité. Comme le chantait Juliette Greco : Naturalise-toi...naturalise-toi... oui mais pas trop vite, pas tout de suite...

En 1998, la Belgique, comme les autres Etats membres de l’Union européenne, a accordé le droit de vote et d’éligibilité aux ressortissant(e)s de l’Union européenne pour les élections communales. En 2004, le droit de vote, mais pas d’éligibilité, à ces scrutins locaux a été étendu aux étrangers non européens résidant depuis au moins 5 ans en Belgique (ils doivent par ailleurs jurer de respecter la Constitution et la Convention européenne des Droits de l'Homme et des Libertés fondamentales). On se souviendra de la promesse faite par Jean-Luc Dehaene d'ouvrir le scrutin aux étrangers, suite à la mort de Loubna Benaïssa.  Et Il y a longtemps que, par exemple, Pays-Bas (1986), Danemark (1981), Irlande (1961), ont octroyé le droit de vote à tous les étrangers, sans que le communautarisme ne gangrène ces trois sociétés.

Alors, oui, ils vont voter en octobre prochain tous ces communautaristes/profiteurs du système/délinquants ou pas loin... Et les médias de titrer que le Million! le Million! le Million!! et plus d'allochtones/d'immigrés allaient voter (enfin allochtones... vu la photo, il s'agit de musulmans...). Bon, d'accord, on relaie encore une fois la précision de Jan Hertoghen sociologue adepte du 'Y'en a un peu plus, je vous le mets quand même', l'homme qui projette plus vite que son ombre... Soit... Et alors?... je vous le demande, et alors? Si je me rappelle de mes cours d'histoire, les géniteurs royaux n'étaient pas vraiment originaires de par ici... alors, hein, Albert II et toute la smala de Palais de Laeken et des environs, ce sont des allochtones comme les autres... Et en remontant plus haut dans nos arbres généalogiques respectifs, là où l'on voit mieux, m'est d'avis que de Belges, il ne doit pas y en avoir beaucoup... En vérité, je vous le dis, nous sommes fichus... car ce n'est pas un, ce n'est pas deux, ce n'est pas trois, ni cinq, ni huit, mais bien dix millions d'allochtones/immigrés qui iront voter dans quelques mois! Tant qu'à faire peur, autant y aller franco.

Enfin, rappelons que le communautarisme politique existe bel et bien en Belgique.  Il y a des partis francophones et néerlandophones, pour lesquels ne peuvent voter que des francophones et des néerlandophones. A Bruxelles, au moment du vote, la première chose que l'on vous demandera de faire est de choisir votre 'régime linguistique'. Alors, quand Alain D., dans ce reportage de France 2, pérore en disant que les électeurs étrangers ou d'origine blablabla regardent les noms des candidats d'origine blablabla... cela prête au minimum à rire, quand on sait que la querelle communautaire entre Francophones et Flamands a entraîné une crise politique de plus de 500 jours... Sans compter que ces candidats ne se sont pas inscrits tout seuls sur les listes, mais s'y retrouvent par la volonté des partis.


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