mardi 11 décembre 2012

Et l'autre moitié est en prison!




Les journaux/médias de masse  nous apprennent donc ce matin que la moitié (ou plus de la moitié)  des immigrés ne travaillent pas. Enfin, ils ne nous apprennent pas grand chose, les quelques lignes que tous reprennent en choeur sont celles diffusées par l'Agence Belga. Alors, j'ai un scoop, ce que vous cachent ces médias, c'est que l'autre moitié est en prison. Voilà, il fallait que les choses soient dites et se sachent une bonne fois pour toute! C'est fait. Ne me remerciez pas, c'est avec plaisir.

Plus sérieusement, les gars et les garses, qu'est-ce qui vous a pris de titrer comme ça? Z'avez lu l'article de la Banque nationale dont vous parlez? Et puis, pourquoi vous fermez vos forum lecteurs, les réactions vous étonnent? M'enfin?  C'est que, je ne suis pas journaliste mais, je pense que pour beaucoup le titre suffit à se faire une opinion tranchée sur ce qui ne suit pas... car vous n'expliquez rien, vous ne dites rien de cette étude.

Par exemple, de qui on parle? Les auteurs de l'article s'emmêlent un peu les pinceaux, on ne sait pas toujours s'il est question de primo-arrivants ou de migrants ou enfants de migrants, mais essayent malgré tout de brosser large dans leur panorama des situations problématiques liées à l'insertion des "immigrés" (ils parlent de personnes d'origine étrangère...) sur le marché du travail.

Le chiffre qui fait le buzz dans toutes les rédactions, c'est celui du graphique de la page 30 où on constate que 46,5% des personnes hors UE (je rappelle que l'imprécision des critères utilisés par les auteurs rendent impossibles de dire s'il s'agit d'étrangers, de Belges d'origine étrangère ou de nouveaux arrivants... soit, cela importe peu pour la manière dont est maltraitée l'information par les journalistes qui ont "couvert" le sujet). On constate par ailleurs sur ce même graphique que près de 40% des Belges sont sans emplois... que plus de 14% des personnes hors UE sont au chômage, et que comme le gouvernement Di Rupo va remettre tout le monde au travail, dans quelques mois, on devrait avoir un taux d'emploi de 62% pour ces personnes... alors que même si l'on remet tous les Belges au travail, on arrivera à peine à 68% de taux d'emploi... Je raconte des couillonnades non? Peut-être, en tout cas, je ne suis pas certain que je fais pire que nos grands journaux écrits et parlés du jour.

C'est que les constats de cet article, qui synthétise ce que des études plus fouillées ont mis en évidence depuis plus de 15 ans, sont connus : la scolarité chaotique des enfants des 2e, 3e, ...50e générations (qui restent des pas comme ici dans les écoles), la discrimination à l'embauche (page 38 : La dernière enquête Eurobaromètre de la CE sur la discrimination menée en 2012 (EC, 2012) révèle qu’en Belgique, lorsqu’une entreprise cherche à embaucher quelqu’un et qu’elle a le choix entre deux candidats de compétences et de qualifications égales, le critère principal défavorisant un candidat serait, selon les réponses (5),la couleur de peau ou l’origine ethnique de ce dernier : c facteur est cité par 60 % des répondants, contre 39 % en moyenne dans l’UE, des résultats relativement stables par rapport aux éditions précédentes), le travail à temps partiel et dans les secteurs plus enclins au chômage partiel ou complet (horeca, nettoyage, construction), le taux d'emploi très faible chez les femmes qui subissent une double discrimination femme et migrante, leur peu de présence dans les administrations publiques et l'enseignement ... Et pourtant, on titraille que "La moitié des immigrés ne travaillent pas." Point... Et pourtant, l'article en question dit beaucoup plus. Et pourtant, les gars et les garses, il y a moyen de dire autrement et plus justement, tenez sur le site de la RTBF, il est écrit "Etrangers et Belges ne sont pas égaux face à l'emploi", et oui, je vous assure qu'on y parle de la même étude.

Allez, je parie que dans les jours qui viennent il y aura des experts en tout genre qui - dans les pages débats - viendront expliquer et nuancer, mais voilà, ce qu'il en restera, c'est que la moitié des immigrés ne travaillent pas. Point? Non, je vous rappelle que l'autre moitié est en prison.