vendredi 29 avril 2011

Cardentité!



Promis, mais pas juré, la prochaine fois ce sera un homme. C'est vrai que j'ai l'air de m'acharner sur des dames, mais je vous jure, je vous assure que ce n'est pas voulu.  

A notre gauche et dans le genre, Yamila Idrissi (Députée SP.A) c'est pas mal; analysant finement la castagne de l'autre week-end à Hofstade, elle dit : "Dans la capitale, il n’existe aucun espace ouvert de ce type, regrette-t-elle. Les jeunes de Molenbeek, Anderlecht ou Saint-Josse doivent sortir de la ville pour trouver un endroit où se détendre et s’amuser (...)".  Bon, restons calme.  Les gars et gamins qui ont joué au plus malin seraient donc, si je comprends bien, de Molenbeek, d'Anderlecht et de Saint-Josse.  Je me demande d'où elle tient cette vérité?  Dans le genre stéréotype, c'est brillant... Et les Schaerbeekois, hein, les Schaerbeekois!!? Sans compter que si c'est parce qu'on s'ennuie chez soi, qu'il faut aller faire chier le voisin, on est pas sorti de l'auberge. Et puis, personnellement je n'y étais pas à Hofstade (j'aime pas l'eau), mais ce qui s'est passé ne semble pas aussi limpide que ça.

Pour elle, la solution, c'est de ressortir l'idée géniale, du nom moins génial Pascal Smet (SP.A lui aussi) de quand il était ministre bruxellois, d'une piscine à ciel ouvert, sur la rive gauche du Canal, près de Tours&Taxis.  Avec ça, à n'en pas douter, on calmera tout le monde.  Amusez-les, distrayez-les et ils se calmeront... ça fait un peu penser à ces parents qui mettent leurs bambin(e)s devant un écran pour avoir la paix.  Ce projet qui était quasiment in the pocket a finalement été rejeté. "En 2009, le gouvernement bruxellois a subitement décidé que cette piscine n’était plus une priorité, alors même que les accords avec Beliris étaient conclus, les plans dessinés. Imaginez le message négatif que l’on transmet à cette jeunesse des quartiers difficiles. (...) C'est choquant!" J'imagine... difficilement.  Je me demande combien de ces jeunes étaient informé de cette affaire, mais soit faisons comme si... Ils n'attendaient que cela... C'était leur Graal, leur cerise sur le gâteau... et puis patatra nada, schnoll!! J'imagine leur tristesse... leur désarroi... "On ne nous aime paaaas... bouhooooouu... Maintenant, on en est certains..." Pauvres petits... Que cela coûte €12.000.000 et corresponde d'abord à une mégalomanie très pascalsmetienne n'a certainement pas pesé. Cette piscine olympique à ciel ouvert chauffée qu'on n'a pas construite, c'était rien que contre eux et c'est la goutte qui a fait déborder le plan d'eau d'Hofstade. Mais, imaginons.  On la construit cette piscine.  Ca va changer quoi? On va se mettre à nager bras dessus bras dessous? Je me demande.

Et à notre droite, il y a notre Annemie Turtelboom, ministre de l'Intérieur en affaires courantes (Imodium, ça aide) qui, elle aussi, sait comment calmer les jeunes. "Nous proposons que chaque domaine revoit son règlement interne à court terme comme cela a été le cas au domaine De Nekker à Malines. Celui qui commet un délit, ne pourra plus revenir la prochaine fois. Dans ce domaine, chaque personne passe sa carte d'identité dans un lecteur. Si un délit a été commis, la personne ne peut plus rentrer". Waow!! Pour fréquenter assidument De Nekker, à Malines, depuis de nombreuses années, je peux vous assurer que jamais jamais jamais, je n'ai eu à montrer de carte d'identité pour y entrer. Je n'ai sans doute pas le bon look. Et là, je me dis que les jeunes devraient faire dans la dentelle.  Ils devraient y aller en masse, faire la file, montrer leur carte d'identité, faire du zèle quoi.  Et puis, tant qu'à faire, ils devraient fréquenter davantage les commissariats aussi, aller montrer spontanément leurs papiers à qui est de faction ou à ceux qu'ils croisent en rue. Pourquoi attendre?  Quant au parallèle qu'elle fait avec les stades de football où cette pratique a cours... ben on se bat à l'extérieur du stade c'est pas plus compliqué que ça..., mais c'est vrai que c'est moins visible.

Mais notre Annemie nationale qui est dans une période faste ne s'arrête pas là.  Elle soutient l'initiative de la police de la zone Nieuport-Coxyde-La Panne qui va mettre en œuvre cet été les patrouilles VIP, pour Very Irritating Police.  "La mission des policiers consistera à identifier les "jeunes qui traînent en rue" et à les harceler sans les perdre de vue de toute la journée, à les contrôler à de nombreuses reprises et à leur faire comprendre qu'on ne les lâchera pas et qu'on ne tolérera aucune nuisance ni aucun rassemblement bruyant".  Les jeunes visés sont les jeunes wallons, bruxellois et français.  Ca c'est du lourd. J'imagine ces policiers-saltimbanques qui vont suivre le jeune-passant, en lui collant aux basket et en imitant leurs fesses et gestes.  Ca pourrait être drôle.  Là aussi les gars, pour une fois, faites preuve d'imagination et organiser des VIY - Very Irritating Young - et suivez les patrouilles VIP, ça mettra de l'animation dans les rues.

 

vendredi 8 avril 2011

Espèce de clandestin!


Il y a quelques jours le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) a publié son Baromètre de l’égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels de la Communauté française de Belgique (oui oui, ça existe toujours). Bonne initiative certainement.  Mais bon dans le genre on enfonce des portes ouvertes, c'est pas mal. Quoi!!! ce qu'on voit à la télévision, ce sont des hommes, plutôt jeunes et plutôt pâles... Tudju... On pourrait ajouter avec une cravate et un veston.  Quoi d'autre?  Que ce qui sort de cette catégorie (femmes, personnes âgées, handicapés, moins pâles, etc.) on ne le verra que dans des sujets spécifiques et essentiellement comme témoins ou interviewés... Alors là, je dis merci le CSA! Bon, je ne voudrais pas avoir l'air de me moquer, car ce travail a, au moins, le mérite d'établir un constat.  Mais de là à ce que le constat soit suivi de quelque chose... Et puis, de quoi cela devrait-il être suivi?  Un présentateur du JT radio muet ou un critique cinéma aveugle? Plus sérieusement, ce n'est pas la visibilité de la différence qui pose problème, je veux dire, ce n'est pas parce que l'on va montrer la différence à l'écran que cela changera grand chose; les Français ont vu Harry Roselmack pendant quelques années, cela n'a pas transformé TF1 en lobby antiraciste.  Hadja Labib et Hakima Darmouch sont là depuis des années également et il arrive que la suite des sujets traités dans les informations qu'elles présentent - Attentats/Chômage/Voile à l'école - attirent l'attention sur un groupe particulier. Là n'est pas le problème. Le problème est dans la manière dont on parle de ce qui sort de l'ordinaire.  L'extra-ordinaire est souvent (toujours?) mal traité, mal nommé.

Et là, je suis agacé, limité énervé.  Ce n'est pas cette gentille Véronique Barbier qui me hérisse, mais bon, fallait bien choisir un exemple parmi les nombreuses séquences assez similaires en terme de vocabulaire. Car qu'on m'explique comment il se fait que des personnes qui sont dans une embarcation qui se dirige vers l'Italie soient qualifiées de clandestins?  Le fait que d'un jour à l'autre, celui/celle qui était mère de famille, taximan, journaliste, enseignante, que sais-je..., devient un clandestin, cette figure parmi les plus populaires dans nos contrées, m'énerve oui.  Outre l'erreur commise; jusqu'à preuve du contraire, ces personnes ne sont pas des clandestins, des migrants oui, des clandestins non, il y a l'image de l'arrivée massive et incontrôlable de personnes potentiellement dangereuses que ce commentaire sous-tend.   Car, le clandestin, c'est bien ça, avant tout, quelqu'un qui vit en marge, profite, trafique, etc.

Peu m'importe qu'il y ait des Gennaro, Hadja, Selvet ou Mamadou pour égayer mon écran télé.  Tant que des personnes qui, comme elles le peuvent, fuient la misère, la guerre, qui veulent tenter leur chance, avoir une vie meilleure ailleurs, seront d'emblée disqualifiées de clandestins, je continuerai à penser qu'il y a quelque chose de pourri dans le Royaume du journalisme.

vendredi 1 avril 2011

De wet is de wet


Il paraît que la loi c’est la loi. Et il paraît même que nul n’est sensé l’ignorer. L’école est un lieu où l’on apprend, notamment, à se conformer et à respecter les autres, à privilégier le bien commun, le vivre ensemble.  Et à respecter la loi.  Enfin, c’est ce qu’il me semble.  Et qu’est-ce que je lis ?? Et qu’est-ce que j’apprends ?? Des écoles, enfin, je dis des écoles, c’est plutôt la direction de ces écoles et quelques braves exécutant(e)s qui ne font, bien évidemment, que respecter ce que la direction leur dit de faire, « Vous comprenez bien que nous n’avons pas à contredire ce que la direction décide de faire » ; enfin, j’imagine, mais je n’ai pas entendu, c’est vrai.  Et, je veux bien laisser le bénéfice du doute.

Soit. Donc, quelques écoles ne respectent pas les termes du décret inscription.  Il arrive que « des écoles exigent des parents la production du bulletin ou du journal de classe », que « des écoles souhaitent la présence de l’enfant. », « des écoles demandent aux parents de mettre la main au portefeuille, les justifications sont : frais de photocopie ou, alors que c’est interdit, des frais d’inscription: « Dans une école, on demande aux parents qui s’inscrivent le paiement anticipé pour un voyage scolaire censé avoir lieu l’an prochain – et pas donné, bien sûr. Le but du jeu est clair : c’est dissuader ; dissuader les publics défavorisés. »... Restons-en là. Continuer cette liste d’infractions  relèverait de l’acharnement. Pour le reste, je vous renvoie à la presse et à Infor-Jeunes Laeken qui a déballé l’affaire.

J’ai dit la sympathie que j’avais pour ceux et celles qui rêvent d’un monde de privilégiés et de privilèges à protéger (cf blog du 16 mars) et voici l’occasion de la redire.  Fondamentalement, le modèle proposé est celui de certains nantis qui peuvent refuser ce que des moins nantis ne peuvent refuser.  Un modèle où certains peuvent décider de disqualifier et d’interdire de séjour ceux-là même qu’ils auront précédemment stigmatisés et dont ils diront vouloir légitimement se protéger, parce que vous savez bien, « ils sont moins travailleurs, moins doués, plus violents ». Très longtemps, ce qui, aujourd’hui, relève de l’infraction pure et simple se pratiquait largement et ouvertement ; sans que la presse ne s’en émeuve forcément ; et relevait ainsi de l’arbitraire pur et simplet.  Dans certaines écoles, on triait, on restait entre soi et on s’en félicitait, tout en se gaussant et se moquant de cette masse inculte tout juste bonne à devenir ceux qui videront leurs poubelles ou conduiront leur voiture. Au mieux.  Et les parents de ces écoles n’étaient pas en reste dans ces pratiques.

Alors, oui, la loi c’est embêtant dans ce cas, car elle vient rétablir un peu (un semblant) d’égalité.  La question n’est pas tant celle de la mixité sociale que celle du choix, du libre choix, qui n’était réservé qu’à certains.  Effectivement, la mixité ne se décrète pas, sinon, comme l’ont relevé certains, avec cynisme, pourquoi ne pas décréter la mixité ethnique des couples, via des quotas pour que la société le soit davantage, mixte.  Absurde, car il s’agit avant tout d’envie de côtoyer l’autre, et moi comme vous, je n’ai pas envie de côtoyer n’importe qui.  Mais en matière de justice et d’égalité, il n’est pas question d’envie, mais de principes. Et les principes, oui, ça se décrète.