vendredi 8 avril 2011

Espèce de clandestin!


Il y a quelques jours le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) a publié son Baromètre de l’égalité et de la diversité dans les médias audiovisuels de la Communauté française de Belgique (oui oui, ça existe toujours). Bonne initiative certainement.  Mais bon dans le genre on enfonce des portes ouvertes, c'est pas mal. Quoi!!! ce qu'on voit à la télévision, ce sont des hommes, plutôt jeunes et plutôt pâles... Tudju... On pourrait ajouter avec une cravate et un veston.  Quoi d'autre?  Que ce qui sort de cette catégorie (femmes, personnes âgées, handicapés, moins pâles, etc.) on ne le verra que dans des sujets spécifiques et essentiellement comme témoins ou interviewés... Alors là, je dis merci le CSA! Bon, je ne voudrais pas avoir l'air de me moquer, car ce travail a, au moins, le mérite d'établir un constat.  Mais de là à ce que le constat soit suivi de quelque chose... Et puis, de quoi cela devrait-il être suivi?  Un présentateur du JT radio muet ou un critique cinéma aveugle? Plus sérieusement, ce n'est pas la visibilité de la différence qui pose problème, je veux dire, ce n'est pas parce que l'on va montrer la différence à l'écran que cela changera grand chose; les Français ont vu Harry Roselmack pendant quelques années, cela n'a pas transformé TF1 en lobby antiraciste.  Hadja Labib et Hakima Darmouch sont là depuis des années également et il arrive que la suite des sujets traités dans les informations qu'elles présentent - Attentats/Chômage/Voile à l'école - attirent l'attention sur un groupe particulier. Là n'est pas le problème. Le problème est dans la manière dont on parle de ce qui sort de l'ordinaire.  L'extra-ordinaire est souvent (toujours?) mal traité, mal nommé.

Et là, je suis agacé, limité énervé.  Ce n'est pas cette gentille Véronique Barbier qui me hérisse, mais bon, fallait bien choisir un exemple parmi les nombreuses séquences assez similaires en terme de vocabulaire. Car qu'on m'explique comment il se fait que des personnes qui sont dans une embarcation qui se dirige vers l'Italie soient qualifiées de clandestins?  Le fait que d'un jour à l'autre, celui/celle qui était mère de famille, taximan, journaliste, enseignante, que sais-je..., devient un clandestin, cette figure parmi les plus populaires dans nos contrées, m'énerve oui.  Outre l'erreur commise; jusqu'à preuve du contraire, ces personnes ne sont pas des clandestins, des migrants oui, des clandestins non, il y a l'image de l'arrivée massive et incontrôlable de personnes potentiellement dangereuses que ce commentaire sous-tend.   Car, le clandestin, c'est bien ça, avant tout, quelqu'un qui vit en marge, profite, trafique, etc.

Peu m'importe qu'il y ait des Gennaro, Hadja, Selvet ou Mamadou pour égayer mon écran télé.  Tant que des personnes qui, comme elles le peuvent, fuient la misère, la guerre, qui veulent tenter leur chance, avoir une vie meilleure ailleurs, seront d'emblée disqualifiées de clandestins, je continuerai à penser qu'il y a quelque chose de pourri dans le Royaume du journalisme.

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