jeudi 24 mars 2011

Les droits des uns et les faveurs des autres




Sans être devin, on peut franchement parier que Melchior Wathelet junior et Sarah Smeyers ne partiront pas en vacances ensemble, ou alors pas tout de suite. et encore, pas  trop loin.  Voilà des mois que ces deux-là se tournent autour sans vraiment se comprendre. C'est qu'elle a de la suie dans les idées la jeune Sarah - qui est quand même Présidente de la Commission Justice du Sénat - et quand elle a un os a ronger, elle le ronge jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dessus.  L'os de Sarah Smeyers c'est que étrangers-immigrés-régularisés-fraudeurs-criminels sont des synonymes et que beaucoup l'ignore.  Parmi eux eux, Melchior W., mais laissons-là leur idylle mal commencée et revenons-en à nos os de moutons.

Tout a commencé alors qu'elle rentrait tard, sur une route de campagne, tout à coup, c'est devenu une évidence : tous des fraudeurs ! accéléra-t-elle.

Ce fut d'abord la question des naturalisations que l'on "donne au pifomètre" et dont "bénéficient des criminels étrangers".  Pour le coup, elle avait une alliée de poids en la personne de Jacqueline Galant, mais bon, elle, même son parti l'a désavouée... faut dire qu'accepter qu'il faille connaître la langue de la région où l'on vit pour mériter de devenir belge, comme le demandaient les partis flamands, NV-A en tête (sauf Groen! et Vlaams Belang, qui lui n'accepte de naturaliser les étrangers que morts), ça n'a pas vraiment dû plaire à certains... Soit, revenons-en à nos os de moutons et à Sarah Smeyers.

Comme on le sait, "La naturalisation est une mesure de faveur accordée par la Chambre des Représentants. Contrairement à la déclaration de nationalité ou à la simple option, il s’agit, ici, d’une faveur accordée par  la Chambre aux étrangers qui n'ont aucun droit à la nationalité belge", alors, peut-être que, férue de synonymie osée, Smeyers Sarah croit-elle que faveur et favoritisme vont de pair.  Et dès lors, il est évident que les francophones favorisent les naturalisations à tour de bras, mais qu'avec elle, c'est bientôt fini. Gedaan. En punt aan de lijn.

Sauf que les fraudes et les faveurs, Sarah Smeyers, pour rappel de la NV-A, en voit ailleurs. Et que donc, retrouvant le Prince Melchior de ses rêves, elle n'a pu s'empêcher ,concernant les régularisations, de lui demander des chiffres " relatifs aux fraudes et aux criminels régularisés ".  Le fringuant Melchior W. eut beau tenter de lui expliquer que 'fraudeurs' et personnes condamnées à plus de 18 mois de prison n'étaient pas régularisées, et que par ailleurs, ce sont les juges qui cassent, parfois, une décision de l'Office des Etrangers et pas lui, rien n'y a fait et elle lui a lancé un "C’est parce que vous considérez la régularisation comme une question de droit. Pour nous, pour la Flandre, c’est une faveur".  Et paf!!! Prends ça Melchior tout Secrétaire d'Etat que tu sois!!

Bon.  On voit bien qu'on doit, sans doute et certainement, pouvoir trouver plus honnête que Sarah Smeyers dans l'argumentation.  Les procédures de régularisations sont contenues dans une loi et ne relèvent pas d'une faveur; sauf en Flandre, qui n'est pas la Belgique, ou plus pour longtemps, ça on va finir par le comprendre, mais on n'y est pas encore.  Alors, j'aurais envie de lui dire Rastrin Valet!! mais ça serait trop long à lui expliquer.

N'empêche que je serais frisé, plus brun que la moyenne, avec ou sans moustache, pas là depuis longtemps au goût de certains ou alors depuis trop longtemps au goût d'autres, j'éviterais dorénavant de griller une clope dans un café... C'est que Sarah Smeyers, elle déteste ça qu'on fume dans les cafés, c'est elle qui a proposé l'interdiction totale pour juillet 2011... Alors d'ici à ce qu'elle demande au petit Melchior, qui pas de chance sera entre-temps devenu ministre de la Santé, de lui donner les chiffres des contrevenants étrangers-immigrés-naturalisés-régularisés à loi sur l'interdiction de fumer dans l'horeca, c'est une question de temps (au moment où j'écris ceci, la Belgique ne dispose pas d'un nouveau gouvernement, mais ça ne saurait tarder...) et je suis quasiment certain que pour elle, pour rappel Sarah Smeyers, le fait de pouvoir entrer dans un café ou un restaurant sera défini comme une faveur pour ceux-là qui frisés, plus bruns que la moyenne, avec ou sans moustache, pas là depuis longtemps au goût de certains ou alors depuis trop longtemps au goût d'autres ont le culot de s'y aventurer.



mercredi 16 mars 2011

Qu'ils restent entre eux


Lire les journaux est un plaisir, même si souvent plus par habitude que par réel intérêt.  Il arrive aussi que ce soit l’occasion de s’indigner (allez un peu de pub pour ce brave Stéphane Hessel).  Hier, j’ai lu avec consternation puis dégoût une ‘opinion’ d’une Anne François en pleine forme.  On sait la rage qui anime les parents qui depuis deux ans prennent conscience qu’un privilège – être assuré d’avoir une place dans une école – leur a été enlevé.  Des années durant, d’autres parents, plus nombreux, mais n’ayant pas les bons relais institutionnels, n’ayant pas les bons réseaux comme on dit, ont subi la discrimination, l’impossibilité de pouvoir choisir librement une école, l’arbitraire d’un directeur ou d’enseignants qui refusaient que leur(s) enfant(s) intègrent leur établissement.  Cela n’a que très rarement fait la une des journaux, mais sans doute n’avait-on pas encore inventé Françoise Bertiaux, la pasionaria des parents privilégiés.

Donc Anne François... Pour elle, la mixité ne se décrète pas.  La couillonnerie non plus apparemment, car comme elle le dit si bien ‘ Envoyer un enfant noir dans une école blanche, comme l’inverse, peut-être vécu comme un traumatisme.  Cela doit rester un choix personnel.’  Je suis bien d’accord.  Qu’on les laisse entre eux dans leur "école de merde", dans leur "famille de merde", dans leur "monde de merde" (C'est moi qui apostrophe).  C’est comme ça, c’est mon choix.  D’autres, plus qualifiés que moi, ont déjà souligné l’absurdité de ces propos.  Reste que Anne François est psychopédagogue.... et je suis assez proche de l’orgasme quand j’imagine qu’elle a pu s’occuper d’enfants, quel bel exemple d’humanité ils ont eu...

J’ai une mémoire de poisson rouge.  Je me suis malgré tout souvenu que Anne François ; elle n’était pas seule, Jean-François Nandrin, autre pourfendeur du décret honni l'avait aidée; avait signé un article en octobre 2010 dans lequel elle disait ‘tout le bien’ qu’elle pensait de la présence de parents dans les conseils de classe.  Pour le plaisir, en voici quelques moments qui eux aussi m’ont mené près d’un nouvel orgasme :

« En cas de difficulté, les parents attentionnés auront déjà, bien avant le conseil, fait le point en confiance avec l’équipe éducative. D’autres parents plus importunants peinent à rendre leur enfant autonome, s’en occupent trop, trop peu ou mal. Tous les moyens leur semblent alors bons pour rattraper la sauce ou tenter de (se ?) prouver qu’ils sont de "bons" parents. »

« Ces attitudes parentales sont fort blessantes. Pourquoi un tel mépris alors que si ces parents accusateurs savent lire et écrire, c’est grâce au professionnalisme d’enseignants ? Et si on mettait en perspective les responsabilités de chacun ? Dès le fondamental, ce constat : des petits contestent l’orthographe (...) »

« L’expérience montre que les éléments apportés sont souvent excuses ("pauvre petit"), promesses ("il travaillera " - que ne l’a-t-il fait plus tôt ?), voire menaces ("nous irons plus loin", "vous ne savez pas à qui vous avez affaire"). Il faudrait un jour en publier un recueil anonymisé ! Enfin, les AP (Associations de parents) sont une occasion d’être partenaires constructifs de l’école ; les AP ont des représentants dans les Conseils de participation, où se crée la politique de l’école. »
« Des parents revendicateurs nous obligent hélas parfois à construire de véritables dossiers à charge, en indiquant le risque d’échec clairement et très (trop ?) tôt, afin d’éviter le "on ne nous a jamais prévenu". Et qui paye ? L’élève ! »
Hummm... comme c’est jouissif de lire cela.  Pour l’occasion, Anne François est conseillère CPMS.  On peut dire qu’elle cumule la dame.  Des conseillers CPMS, j’en ai connus petit.  Heureusement que mon père, avec ses sourcils froncés, leur a dit son fait, dans un français certes approximatif, mais qui quand il joignait le geste à la parole était tout à fait accessible à la première conseillère venue, fut-elle confinée à un CPMS, et m’inscrivit dans le secondaire général, alors qu’avec autant de o et de i dans mes nom et prénom mon avenir scolaire était ailleurs, argumentaient les conseillers en question.

Au-delà de la pertinence des propos de la conseillère François, c’est la contradiction que ces deux textes recèle qui me plaît.  En effet, comment Anne François, coordinatrice de l’asbl ELEVeS, constituée de « parents issus d’un mouvement citoyen » ose-t-elle mettre en doute le bien-fondé du décret, elle n’est qu’un parent d’élève après tout... De quelle compétence peut-elle se prévaloir ? Psychopédagogue et Conseillère CPMS qu’on te dit !!! Oui oui, excusez-moi... mais qui sont les parents qu’elles disqualifient ?  Quelles sont leurs compétences ?  On n’en sait rien, on sait simplement qu’ils ne sont pas légitimes pour s’exprimer et revendiquer.  Eux, ce sont rien que des empêcheurs de faire tourner l’école en rond, na!

Ce qui est en jeu, c’est bien la volonté de certains de rester entre soi, de ne pas voir des noirs (et des pauvres, et des Arabes, et des pas comme nous) dans NOTRE école à NOUS.  Ce n’est rien d’autre.  On pourra enrober ça comme on veut, ce n’est rien d’autre.

Alors, par respect pour le français approximatif de mon père et ses sourcils froncés, Anne François, je vous dis merde.