lundi 28 janvier 2013

On n'est pas des lopettes




Mercredi dernier (23 janvier), la RTBF revenait sur l'homophobie en Belgique. Dans un premier temps, l'émission "Questions à la Une" faisait le panorama des violences physiques, verbales ou symboliques dont les personnes homosexuelles, lesbiennes, bisexuelles, transgenres sont victimes. La deuxième partie s'intéressait à la parentalité dans les couples homosexuelles. En toile de fonds, le débat français, plus qu'agité sur cette question. L'émission était disons correcte, même si on les pointait, les jeunes maghrébins étaient des agresseurs potentiels parmi d'autres, et la parole donnée au père imam d'Ihsane Jarfi suffisait largement à dédouaner les concepteurs de l'émission d'une quelconque visée discriminante. La maladresse n'est pas encore soumise à la peine capitale et c'est heureux; car maladresses il y a eu, mais minimes et ce n'est pas important dans ce qui m'occupe ici.

C'est que les reportages ne montrent jamais de dérapages de journalistes. A croire que les journalistes, belges francophones en tout cas, sont exempts de toutes critiques. Bon. Admettons.  Et puis, ce dimanche, gourmand d'entendre les politiques wallons jurer leurs grands dieux qu'ils avaient tout fait pour sauver la sidérurgie liégeoise et qu'ils feraient tout pour faire plier un des hommes les plus puissants du monde; dans les deux cas cela signifie pas grand chose; je me suis mis devant Mise au Point. Ce fut assez prévisible, sauf le moment où Gino Russo, délégué Setca, a donné un cours d'économie pratique aux participants au débat, moment qui aurait pu marquer la fin de l'émission tant tout y était dit : la stratégie de la Banque Goldman Sachs, dont le CA comprend Lakshmi Mittal, est de faire plier l'Europe sur ses politiques sociales; alors on tape un gros coup, on sonne l'adversaire et on regarde faire jusqu'au prochain gros coup et jusqu'à ce que on puisse imposer son point de vue de financiers.

Soit, j'ai regardé l'émission se poursuivre. Et vers la fin, Olivier Maroy, questionnant les deux syndicalistes présents sur la responsabilité des syndicats sur certaines actions menées contre la direction, s'est fait poète "A Liège, on a des convictions, on se bat, on n'est pas des lopettes (...) (allez voir 1h05.25 à 1h05.35) ... On n'est pas des lopettes... pour rappel, lopette... mais non, pas besoin de vous faire l'article, vous en connaissez la signification. S'en sont suivis des regards et des sourires allant de l'incrédulité à la complicité moqueuse, mais aucun excuse, aucune remarque, de personne.

Ainsi donc, un dimanche vers 12h30, sur la plus grande chaîne de télévision francophone de Belgique, le commentateur-animateur en chef d'une émission de grande audience qualifie des personnes de lopettes, des personnes qui n'ont pas vraiment de courage, qui ne sont pas prêtes à défendre leur point de vue avec force, ... Je ne sais pas, et je m'en contrefiche, s'il y avait des "lopettes" sur le plateau de Mise au Point. Je suppose qu'il doit y en avoir chez Arcelor Mittal, comme dans tout corps social normalement constitué. Je sais que sur le plateau de Mise au Point, il n'y a eu personne pour relever un propos qui relève de l'homophobie la plus banale et quotidienne. Lopette ou sa cohorte de synonymes fait partie du vocabulaire courant, de la cour de récréation, au comptoir de café, en passant pas la table du repas du soir chez certains. Cette banalité de la violence verbale que beaucoup dénonce. Y compris dans les reportages de Questions à la Une diffusés sur la RTBF. Mais apparemment, cela ne concernait pas le monde journalistique.



 

jeudi 24 janvier 2013

Prends ça!!





Et quoi, c'est déjà terminé??!! Mais non!!! Nom d'un chien de nom d'un chien... Hier matin la vidéo de l'agression d'un habitant d'Eindhoven par huit énergumènes faisait la une des journaux, le buzz sur internet et la papote sur les forums de tout ce qui est actualité... et là, plus rien. Pourtant, il y avait du monde pour demander qui la pendaison, qui une sodomie au poivre, qui un renvoi illico pressé au bled, ... les demandes concernant essentiellement des Saïd, des Mohamed et des Karim.  A huit contre un, c'est dans leurs habitudes. On voit bien qu'ils ne sont pas très blancs. C'est toujours les mêmes. Allez lire ici, mais c'est le seul forum encore ouvert sous un vieil article et ça donne le ton de ce qu'on pouvait lire hier un peu partout. 

Et puis, aujourd'hui, plus rien. On n'en parle plus. Comment ce fait-ce? me dis-je innocemment... Rooooh mais c'est pas des bronzés... Ben non, tout compte fait, renseignement pris, enquête avancée et jeunes gens allant se dénoncer après la diffusion de la vidéo par la police néerlandaise, il semble que ces 8 joyeux drilles ne soient ni Karim, ni Mohamed, ni Saïd.  J'imagine. J'imagine que c'eut été le cas, il y aurait eu pléthore d'interviews de sociologues expliquant le pourquoi du comment, de politiques (les Ducarme et Destexhe de service) réclamant des mesures fortes pour ces jeunes qui ne s'intègrent pas, certains cyniques auraient justement souligné que ça tombait bien que cela se soit passé aux Pays-Bas, car n'avons-nous pas quelques places de prison à disposition, d'autres encore auraient demandé d'étudier la possibilité de leur retirer la nationalité belge. J'imagine.

Mais rien de tout cela. Ce sont des jeunes hommes, certains mineurs, originaires de Turnhout. Des Jan, des Piet, des Mark. Du coup, on n'en parle (presque) plus. C'est juste. C'est un fait d'hiver. Une imbécilité, qui a heureusement bien tourné pour la personne qui a été tabassée, commise par des jeunes gars, qui avaient peut-être trop bu, trop fumé ou qui s'emmerdaient. Ca ne méritait pas plus que la (éventuelle) diffusion des images, l'appel à témoins et une brève dans les journaux/bulletins d'informations.

Je sais, et je n'imagine pas, que si des Karim, des Saïd ou des Mohamzed avaient été arrêtés, cela ne se serait pas arrêté là.