mardi 21 juin 2011

Au secours!


Dimanche matin dernier, c'était notre sortie photographique mensuelle.  Le rendez-vous était à 5h30, devant K_nal, la nouvelle boîte à la mode le long du canal à Molenbeek, dans la zone Ribaucourt-Quartier Maritime. La jungle quoi... Avec toutes les révélations des jours qui précédaient, c'est vrai qu'on a eu l'impression que nous allions au casse-pipe.  Nous avons donc déambulé le long du canal et sur le site de Tour&Taxis et alentours.  Il ne nous est rien arrivé.  Et pour cause me dira-t-on, tout le monde dort à cette heure, surtout la crapule.

Je suis né rue des Quatre-Vents, à Molenbeek, dans le quartier des Etangs-Noirs. J'ai grandi là. Je suis allé à l'école là.  Je connais bien.  J'y retourne très régulièrement. Passer plus de 20 ans dans un endroit, ça laisse des traces et ça pousse à y revenir.  Et oui, cela à beaucoup changé.  Pas la réputation du coin.  Quand j'ai quitté l'Athénée du coin pour l'enseignement supérieur; ben non tiens, à Molenbeek, il n'y a pas d'établissement d'enseignement supérieur; j'ai vite compris que des ceusses qui venaient de là, ils n'en avaient pas vus souvent dans le supérieur. Dans les années 1970, ce quartier, pour certains, c'était déjà un coupe-gorge, une zone de non-droit.  On hésitait à y aller.  Il y a comme ça des lieux qui gagnent à ne pas être connus...

Je crois avoir le chic pour choisir les lieux de vie paradisiaques. Après l'un ou l'autre intermèdes dans la civilisation (Quartier de l'Observatoire, Heysel), j'ai passé le plus clair de mon temps dans le quartier de La Roue, à Anderlecht, et aujourd'hui, je vis dans le quartier Saint-Antoine, à Forest. Avouez que je cherche les emmerdements.  Pourtant, il ne m'est, heureusement, toujours rien arrivé.

En lisant, la presse de ce week-end, je me suis demandé ce qui se passait à Molenbeek. Je me suis souvenu qu'en février 2010, c'était Freddy Thielemans et Gaëtan Van Goidsenhoven, qui devaient rendre des comptes à la presse flamande, pour un week-end qui avait hésité entre Mad Max et Terminator.  Je me suis aussi souvenu que Lukas Vander Taelen, en octobre 2009, avait déjà dit l'enfer qu'il vivait rue de Mérode; tiens la même rue que moi; et en appeler à un peu plus de clairvoyance de la part des Francophones. Luckas Vander Taelen, qui en remet  aujourd'hui une belle couche en apostrophant Flupke Moustache pour lui dire ses quatre vérités. Je crois bien qu'il faudrait rapatrier illico presto quelques militaires d'Afghanistan et les déployer à Molenbeek, après tout d'un musulman l'autre, ils ne devraient pas être trop dépaysés.  Mais pas des flamands hein, ils semblent cumuler les problèmes à Bruxelles; Bruxelles que par ailleurs, ils aiment décrire comme avant tout une ville multiculturelle, voire flamande, plutôt que francophone.

Evidemment que se faire agresser, et peu importe par qui,  est un traumatisme et ne devrait pas arriver.  Mais ça ne justifie pas de dire n'importe quoi (et je ne parle pas ici des employés de BBDO, qui ont réagi aux réponses de Philippe Moureaux)
Mais prétendre que Molenbeek est au bord de l'explosion est aussi malin que de dire, je ne sais pas moi, qu'on aura un gouvernement demain ou dire que tous les Belges sont racistes; tout le monde sait que seuls les nouveaux-Belges le sont.  Alors, oui, il y a quelques crapules  fonctionnant au cocktail vodka/red bull/pétard qui doivent manquer d'à peu près tout, et surtout d'intelligence, et qui commettent des agressions.  Et oui, il est assez incompréhensible que ces quelques imbéciles ne soient pas recadrés. Je me demande bien qui sont ceux qui trouveront à redire à cela, certainement pas les habitants de ces quartiers, qui sont les premiers à subir ces crétins.   Qui s'en soucie? Apparemment, pas grand monde... parle-t-on de ces quartiers à d'autres moments ou pour en dire autre chose qu'une comparaison avec le Bronx new-yorkais?  Mais prétendre que la délinquance est un savant dosage de religion (islam) et d'origine ethnique (maghrébine), comme le font des génies comme Claude Demelenne ou les z'ânonymes de Père Ubu, ressemble à une tentative désespérée d'obtenir un Nobel de connerie; mais en ces temps pluvieux, rire un bon coup n'a jamais fait de tort à grand monde.
Les quartiers comme ceux-là - Etangs-Noirs, Maritime, Cureghem, La Roue,  Saint-Antoine, Aumale,... - ne sont pas des zones de non-droit, ce sont des zones de non avenir, des zones de relégation.  Ce sont aussi des zones qui vont vivre des transformations urbaines dans les années qui viennent, des zones qui vont attirer de nouvelles populations, des zones où ceux qui y vivent aujourd'hui n'y vivront sans doute plus.  Ils devront aller ailleurs. Où? On ne sait pas et on s'en fout.  L'important c'est qu'ils dégagent. Quand on voit l'enthousiasme avec lequel le décret inscriptions a été accueilli, il serait étonnant qu'en même temps qu'on rénove ces quartiers, on construise des logements à bas loyers à Woluwé ou Auderghem et qu'on les y accueille les bras ouverts. Mais on peut toujours rêver.


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