vendredi 22 juin 2012

... d'ailleurs, j'ai un ami...




Dans le chat avec Alain Desthexe que la Libre Belgique, le considérant comme spécialiste es-Islam, a organisé jeudi 19 avril, celui-ci déclare : « (…) Non, ce n'est pas une petite minorité mais attention, pas d'amalgame, il y aussi beaucoup de musulmans parfaitement intégrés. Peut-être est-ce pour ça qu'on ne les entend pas. J'ai personnellement beaucoup d'amis musulmans et ce sont des gens très bien, rien à voir avec certains qu'on voit dans le reportage. »

Aaaaah ces amis musulmans… Quand on me dit ‘J’ai des amis musulmans/arabes/juifs/homosexuels’, j’attends la suite qui, quasiment immanquablement ressemble à ‘Je ne peux donc être taxé de ‘islamophobe/raciste/antisémite/homophobe’.  Souvent aussi, ces propos suivent des remarques ou critiques sur ces mêmes ‘musulmans/arabes/juifs/homosexuels’. Sous-entendu ‘Je sais ce que je dis, d’ailleurs mon meilleur ami qui est… dit la même chose’, car ce meilleur ami a le même avis et est quelqu’un de bien.  C’est cela qui est chouette dans cette histoire, que l’autre différent est un ami, voire le meilleur ami, quand il a le même avis que moi.

D’ailleurs, hier, Nadine Morano annonçait qu’elle aussi a des amis arabes, et que même sa toute meilleure amie est tchadienne et est donc plus noire qu’une Arabe. Non mais.

Je radote… mais bon… je suis né et j’ai grandi à Molenbeek, Quartier des Etangs-Noirs, j’allais à l’école du quartier avec des Saïd, Christos, Pablo ou Besnik, ceux qui se sont occupé de la venue au monde de mes enfants s’appelaient Rotschild et Israël, l’un gynécologue et l’autre pédiatre, j’ai joué au football avec des gars barbus qui gardaient leur slip sous la douche, j’habite rue de Mérode (près de la Place Saint-Antoine, à Forest une zone de non-droit à ce qu’il paraît), je suis employé depuis plus de 25 ans dans une association qui travaille sur des questions d’immigration… et bien vous savez quoi ? Je n’ai aucun meilleur ami musulman, arabe, juif ou homosexuel.

Je vis avec eux. Je suis allé à l’école avec eux. Je travaille avec eux. Je mange avec eux. Je discute avec eux. Je m’engueule avec eux. Je leur ai mis des claques et certains m’en ont mis. Mais d’amis point. Je ne me pose même pas la question de savoir pourquoi. C’est comme ça. On ne choisit pas ses amis. En tout cas, on ne les choisit pas en fonction de leur origine, de leur appartenance ou de leur croyance. Enfin, je crois. En tout cas, je ne leur ai pas fait passer d’interview. J'ai des amis, point.

Le meilleur ami différent (ah oui, j’allais oublier le meilleur ami handicapé qui souffre et que l’on sort quand il s’agit de dénoncer les abus à la sécurité sociale de certains …) c’est souvent un alibi. Un alibi qui ne tient pas la route, un cache-sexe aussi kitsch qu’une boule à facettes. C’est que ce meilleur ami est forcément, automatiquement quelqu’un de bien, qui est d’accord avec ce que je pense, qui dit et qui dénonce tous les comportements intolérables de ses pareils. Etrange. Enfin, pas tant que ça. Dans le même chat, à la question de savoir s’il a déjà eu l’occasion de parler avec des jeunes filles voilées, notre islamologue du dimanche précise que « Bien sûr, et ce qu'il y a d'effrayant, c'est que parfois ce sont des jeunes femmes très intelligentes. Celles qui portent le voile après un parcours universitaire souvent née en Belgique, le font souvent vraiment par choix, on ne peut le nier. Mais moi je trouve ça presque plus inquiétant encore que d'être contraint de le porter. »

C’est vraiment à n’y rien comprendre quand même… si même les gens intelligents se mettent à penser hors normes… Ce qui est certain, c’est  que, aussi intelligentes soient-elles, ces jeunes femmes ne feront pas partie des meilleurs amis musulmans d’Alain Desthexe.


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