mercredi 29 février 2012

Tu vas t'intégrer dis!




Allez, autant y aller franco : je ne suis pas intégré! ou plutôt je ne me sens pas intégré. J'ai beau être ici depuis ma naissance, un demi-siècle quand même, je ne m'y fais pas ou plutôt, je ne me fais pas à tout. Remarquez, je ne suis pas le seul, des qui comme moi trouvent que décidément le monde marche sur la tête, il y en a un paquet. Et si le monde marche sur la tête, il n'y a pas de raison qu'en Belgique il marche mieux.  Né ici et belge de naissance; si si oui oui, on peut s'appeler Bortolini et être belge de naissance; on me laisse dire à peu près ce que je veux; remarquez, manquerait plus que ça.  Mais bon, j'arrête de vous encombrer avec mes états d'âme.

Hier donc, la proposition du MR (juillet 2011) de rendre le parcours d'intégration des nouveaux migrants obligatoire a été rejetée.  Ce n'est pas l'idée de ce parcours qui est rejetée; parcours d'intégration qui s'élabore et prend forme tant à Bruxelles qu'en Wallonie par le travail en collaboration des autorités locales et des associations qui travaillent ces questions depuis longtemps, et qui devrait voir le jour bientôt; mais bien l'obligation de le suivre. Obligation de quoi sivouplé? Vous me direz Mais de suivre le parcours hein binamé! Oui, mais et alors... il y aura un examen à la fin? On vérifiera le niveau de français? l'adhésion aux valeurs et coutumes locales? ou qu'on différencie bien COCOF de COCOM, en donnant leurs compétences? (non, ça c'est vache, personne n'y arriverait... ou alors peut-être Christos Doulkeridis). Pour travailler avec ces nouveaux migrants dans le cadre de ce parcours d'intégration à Bruxelles, je peux affirmer que quasiment tous sont demandeurs de ce minimum d'informations sur l'endroit où ils viennent d'arriver, tout simplement pour savoir mieux où allez et comment faire pour vivre un quotidien à peu près normal, fait de rires et de soupirs.  Alors quoi? Il est où le problème?

Il y a dix ans, Daniel Ducarme, alors Président du MR, déclarait que la politique d'intégration était un échec, c'est dans les tocs du MR de taper sur le même clou. Cela, il le disait avant de devoir démissionner de son poste de Ministre pour non respect des coutumes locales en matière fiscale.  Je suppose qu'il a suivi un parcours d'intégration fiscale, car par la suite, il ne lui est plus rien arrivé. Ceci pour dire, que, je crois, que le MR n'en a, au fond, rien à faire de l'intégration. Ce qui le titille, c'est de taper sur ce vieux clou. Faire d'un groupe d'hommes, de femmes et d'enfants, des personnes qui n'ont qu'à bien se tenir. Tout nouvel arrivant devra se soumettre, et les récalcitrants seront sanctionnés. La définition du récalcitrant n'étant pas fournie par le MR, je vous donne celle du dictionnaire : Qui résiste avec entêtement. C'est tout moi. Aussi vague que large. Les entêtés seront sanctionnés, la belle affaire... Le mystère reste entier : pourquoi récalcieraient-ils?

Heureusement, il reste Martine Vandemeulebroucke, à qui on ne la fait pas"Et tant pis si, comme le constatent les associations flamandes (en Flandre le parcours d'intégration est obligatoire, c'est moi qui rajoute), pareille politique est contre-productive. On oublie en effet dans ce débat que les migrants concernés sont des migrants admis sur le territoire, via le regroupement familial ou un contrat de travail. Une grande partie de ces migrants a une formation élevée mais on leur apprend comment trier les déchets. Pour eux, le parcours d’intégration obligatoire n’a aucun sens. Sinon celui de montrer à l’opinion publique qu’« on » s’occupe de l’intégration des étrangers comme si celle-ci ne se faisait pas aussi par le travail et le logement. Et on occulte le principal : l’immigration aujourd’hui est aussi et surtout clandestine. Elle ne devra jamais suivre un parcours d’intégration. Juste s’intégrer, vaille que vaille, dans une société qui a besoin d’eux sur les chantiers ou comme domestiques. Mais à qui on ne demande pas de parler ni de trier les bouteilles en verre. "

Alors, moi je dis oui, vite un parcours d'intégration pour ceux qui, comme à la SNCB, se moquent des règles, des coutumes et des usages locaux en matière de droit social. La SNCB, entreprise publique donc, qui, via des sous-traitants, utilise des personnes en situation illégale, le reconnait et affirme ne rien pouvoir y faire : La SNCB est également informée de la situation mais dit ne rien pouvoir faire. "Nous pouvons seulement faire interrompre le contrat quand les services fournis ne sont pas au point qualitativement. Nous déterminons certains critères de qualité à l'avance et en fonction de cela nous optons pour les prix les plus bas", explique une porte-parole de la SNCB. Genre, c'est pas légal, mais vous comprenez avec les prix qu'on nous fait... Mais oui mais c'est bien sûr... et on en avait parlé par ailleurs... l'immigration, légale ou pas, a une fonction économique dans un idéal d'une économie complètement dérégulée que le même MR souhaite par ailleurs.

 Alors, franchement, vous jouez à quoi les gars?



2 commentaires:

  1. On peut aussi s'appeler Di Rupo et être belge de naissance, rassure-toi... Il est très au courant des coutumes locales (il guinche à Binche)...

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