Dans le chat avec Alain Desthexe que la Libre Belgique, le considérant comme spécialiste es-Islam, a organisé jeudi 19 avril, celui-ci déclare : « (…) Non, ce n'est pas une petite minorité mais attention, pas d'amalgame, il y aussi beaucoup de musulmans parfaitement intégrés. Peut-être est-ce pour ça qu'on ne les entend pas. J'ai personnellement beaucoup d'amis musulmans et ce sont des gens très bien, rien à voir avec certains qu'on voit dans le reportage. »
Aaaaah ces amis musulmans… Quand
on me dit ‘J’ai des amis musulmans/arabes/juifs/homosexuels’, j’attends la
suite qui, quasiment immanquablement ressemble à ‘Je ne peux donc être taxé de
‘islamophobe/raciste/antisémite/homophobe’.
Souvent aussi, ces propos suivent des remarques ou critiques sur ces
mêmes ‘musulmans/arabes/juifs/homosexuels’. Sous-entendu ‘Je sais ce que je
dis, d’ailleurs mon meilleur ami qui est… dit la même chose’, car ce meilleur
ami a le même avis et est quelqu’un de bien.
C’est cela qui est chouette dans cette histoire, que l’autre différent
est un ami, voire le meilleur ami, quand il a le même avis que moi.
D’ailleurs, hier, Nadine Morano
annonçait qu’elle aussi a des amis arabes, et que même sa
toute meilleure amie est tchadienne et est donc plus noire qu’une Arabe. Non
mais.
Je radote… mais bon… je suis né
et j’ai grandi à Molenbeek, Quartier des Etangs-Noirs, j’allais à l’école du
quartier avec des Saïd, Christos, Pablo ou Besnik, ceux qui se sont occupé de
la venue au monde de mes enfants s’appelaient Rotschild et Israël, l’un gynécologue
et l’autre pédiatre, j’ai joué au football avec des gars barbus qui gardaient
leur slip sous la douche, j’habite rue de Mérode (près de la Place
Saint-Antoine, à Forest une zone de non-droit à ce qu’il paraît), je suis employé
depuis plus de 25 ans dans une association qui travaille sur des questions
d’immigration… et bien vous savez quoi ? Je n’ai aucun meilleur ami
musulman, arabe, juif ou homosexuel.
Je vis avec eux. Je suis allé à
l’école avec eux. Je travaille avec eux. Je mange avec eux. Je discute avec
eux. Je m’engueule avec eux. Je leur ai mis des claques et certains m’en ont
mis. Mais d’amis point. Je ne me pose même pas la question de savoir pourquoi.
C’est comme ça. On ne choisit pas ses amis. En tout cas, on ne les choisit pas
en fonction de leur origine, de leur appartenance ou de leur croyance. Enfin,
je crois. En tout cas, je ne leur ai pas fait passer d’interview. J'ai des amis, point.
Le meilleur ami différent (ah
oui, j’allais oublier le meilleur ami handicapé qui souffre et que l’on sort
quand il s’agit de dénoncer les abus à la sécurité sociale de certains …) c’est
souvent un alibi. Un alibi qui ne tient pas la route, un cache-sexe aussi
kitsch qu’une boule à facettes. C’est que ce meilleur ami est forcément,
automatiquement quelqu’un de bien, qui est d’accord avec ce que je pense, qui
dit et qui dénonce tous les comportements intolérables de ses pareils. Etrange.
Enfin, pas tant que ça. Dans le même chat, à la question de savoir s’il a déjà
eu l’occasion de parler avec des jeunes filles voilées, notre islamologue du
dimanche précise que « Bien sûr, et ce qu'il y a
d'effrayant, c'est que parfois ce sont des jeunes femmes très intelligentes.
Celles qui portent le voile après un parcours universitaire souvent née en
Belgique, le font souvent vraiment par choix, on ne peut le nier. Mais moi je
trouve ça presque plus inquiétant encore que d'être contraint de le porter. »
C’est
vraiment à n’y rien comprendre quand même… si même les gens intelligents se
mettent à penser hors normes… Ce qui est certain, c’est que, aussi intelligentes soient-elles, ces
jeunes femmes ne feront pas partie des meilleurs amis musulmans d’Alain
Desthexe.